Nourrir la grève, pour le développement d’une grève durable

Après de nombreuses journées de grève ponctuelles  appelées par les syndicats, et devant la perspective d’une grève générale illimitée qui se fait chaque jour plus réaliste, il nous appartient de voir par quels moyens renforcer ce mouvement et le rendre crédible.

La grève générale, associée aux actions de blocage, a pour but de paralyser l’activité économique du pays, pour peser sur le gouvernement et l’obliger à retirer son projet de loi Travail. Ce temps et ces espaces arrachés à l’économie sont des points depuis lesquels lancer une contre-offensive sociale, et bâtir ensemble un monde débarrassé de l’emprise du capitalisme.

L’occupation de la Maison du Peuple avait permis à de nombreuses personnes en lutte de se retrouver pour donner corps au mouvement de grève, en travaillant à la jonction entre des syndicalistes et celles et ceux qui ne peuvent soutenir la grève depuis leur lieu de travail, précaires, chômeur-euse-s, salarié-e-s isolé-e-s, étudiant-e-s, etc. Elle s’est immédiatement posé la question de comment nourrir cette foule, et des cantines se sont montées en conséquence.

Alors même que les piquets de grève et les actions de blocage se multiplient, nous faisons le pari d’ouvrir un nouveau front dans l’organisation de la grève. Nous avons bien conscience de la pression économique qui pèse sur les salarié-e-s, et du fait qu’une journée de grève, c’est une journée de salaire en moins.
En ces temps de crise, où nombreux-ses sont celleux qui finissent le mois à 50 euros près, se mettre en grève constitue un sacrifice.
Nous proposons d’agir directement pour exprimer notre solidarité avec celleux qui sautent le pas, et encourager tout-e-s celleux qui ne l’ont pas encore fait à les rejoindre. En nous organisant pour nourrir la grève, nous souhaitons rendre plus concrète la perspective d’une grève qui dure.

Nous avons à ce jour identifié 3 axes majeurs.

Le premier tient à l’approvisionnement. Nous souhaitons appeler celleux qui le peuvent à donner des produits non-transformés, féculents, légumineuses, légumes et à nous les amener. Pour des raisons tant éthiques que sanitaires, nous ne pourrons accepter les dons de viande, poisson, ou autre produit carné. De même, nous voulons nous organiser avec des paysans, pour mettre en place des systèmes de dons, ou d’échange de services contre nourriture : beaucoup de grévistes, c’est beaucoup de bouches à nourrir, mais aussi beaucoup de bras qui pourraient aider sur des chantiers agricoles !

Nous voulons ensuite utiliser ces produits pour les cuisiner, et les redistribuer sur les piquets de grève et les actions de blocage.
Pour pouvoir tenir, il faut bien se nourrir ! Apporter de quoi manger, c’est soulager la logistique de l’action, et permettre des économies d’échelle en évitant à chacun la triste dépense d’une boîte de pâté Hénaff et d’un sachet de pain de mie. Mais c’est aussi la joie d’un repas partagé ensemble, sur la barricade, comme de vrai-e-s camarades !

Enfin, nous souhaitons réutiliser les dons que nous aurions pu récupérer pour proposer aux grévistes qui le souhaitent des paniers hebdomadaires, afin de les soulager d’une partie d’un de leurs principaux postes de dépense.

En bref, nous voulons faire du temps de grève un moment où l’on mange mieux, et moins cher. Il s’agit à la fois de rendre possible une grève longue et généralisée, seule à même de gagner, et de réenchanter ce geste primordial qu’est celui de se nourrir. Nous convoquons ainsi simultanément les imaginaires de la popotte de guerre, et ceux des grands banquets populaires, pour donner à l’acte de cuisiner et de manger ensemble un sens nouveau et révolutionnaire.

Nous ne sommes pas des prestataires de service, mais des personnes en lutte ; il est donc important pour tout-e-s celleux qui pensent se processus comme pertinent de se concevoir comme relais potentiel. De même, nous n’avons pas la prétention de pouvoir être en mesure de nourrir toute la future Commune de Rennes, aussi, nous appelons à la multiplication d’initiatives autonomes et spontanées du même genre.

Rendez-vous tous les jours à 17h à la Maison de la grève (37, rue Legraverend) pour cuisiner pour le lendemain et nourrir l’occupation de Sainte-Anne, et lors des réunions de la commission cuisine pour continuer à penser comment nourrir la grève. Les dons seront pour l’instant centralisés à la Maison de la grève. Si vous avez besoin de nourriture pour une action le lendemain ou un piquet de grève, ou si vous voulez nous aider par quelque moyen que ce soit, merci de nous contacter au numéro suivant : 07 53 32 57 93 ou sur l’adresse mail : nourrirlagreve(at)riseup.net

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